Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/115

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Jude descendit les bords du ravin en se retenant aux branches et atteignit le fond où s’élevait le chêne creux. La physionomie du bon écuyer était triste et grave. Il songeait sans doute que la dernière fois qu’il avait visité ce lieu, c’était en compagnie de son maître défunt.

Il songeait aussi que le creux du chêne pouvait avoir été dépositaire infidèle. Or la fortune de Treml avait été mise tout entière entre ces noueuses racines qui déchiraient le sol.

Avant de pénétrer dans l’intérieur de l’arbre, Jude examina les alentours avec soin ; il fouilla du regard chaque buisson, chaque touffe de bruyère, et dut se convaincre qu’il était bien seul.

Cet examen lui fit découvrir, derrière l’une des tours en ruine, un petit monceau de décombres, à la place où s’élevait jadis la cabane de Mathieu Blanc.

— C’étaient de bons serviteurs de Treml, murmura-t-il en se découvrant, que Dieu ait leur âme !

Dans l’intérieur de l’arbre, il trouva quelques débris de cercles, et presque tous les ustensiles de Jean Blanc, mais rouillés et dans un état qui ne permettait point de croire qu’on s’en fût servi depuis peu.

Jude prit une pioche et se mit aussitôt en besogne.

Pendant qu’il travaillait, un imperceptible mouvement se fit dans les buissons et deux têtes d’hommes, masqués à l’aide d’un carré de peau de loup, se montrèrent.

Une troisième tête, masquée de blanc, sortit au même instant d’une haute touffe d’ajoncs qui touchait presque le chêne où travaillait Jude.