Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/129

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qui vaut à ses adeptes le nom sans signification d’excellent homme, l’intendant de l’impôt était juste assez sot pour faire un impitoyable tyran.

Une seule chose pouvait le fléchir : l’argent.

Quiconque lui donnait de la main à la main le montant de l’amende et quelques milliers de livres en sus par forme d’épingles était sûr de n’être point inquiété, quelle que fût d’ailleurs la témérité de ses prétentions : pour dix mille écus, il eût laissé le titre de duc au rejeton d’un laquais.

Mais quand on n’avait point d’argent, par contre, il fallait, pour sortir de ses griffes, un droit bien irrécusable, et les Mémoires du temps ont relaté plusieurs exemples de gens de qualité réduits par lui à l’état de roture[1].

On doit penser que M.  de Vaunoy, lequel n’avait point par devers lui des papiers de famille fort en règle, avait tremblé d’abord devant un pareil homme.

Les méchantes langues prétendaient qu’il avait commencé par financer de bonne grâce, ce qui était toujours un excellent moyen. Mais, dans la position de Vaunoy, cela ne suffisait pas. Substitué par une vente aux droits des Treml, dont il portait le nom et dont il avait pris jusqu’aux armes pour en écarteler son douteux écusson, il avait trop à craindre pour ne pas chercher tous les moyens de se concilier son juge.

Un retrait de noblesse lui eût fait perdre à la fois ses titres, auxquels il tenait beaucoup, et ses biens auxquels

  1. Nous citerons seulement un cadet de l’illustre et héroïque maison de Coëtlogon, qui fut injustement débouté sur l’instance de Béchameil.