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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/130

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il tenait davantage, car c’était son état de gentilhomme et sa parenté qui lui avaient donné qualité pour acheter le domaine de Treml.

Heureusement pour lui, Béchameil fit les trois quarts du chemin. Ce gros homme se jeta pour ainsi dire dans ses bras, en ne faisant point mystère du grand désir qu’il avait d’obtenir la main d’Alix.

C’était un coup de fortune, et Vaunoy en sut profiter. Béchameil et lui se lièrent, et, bien que l’intendant royal fût de fait le plus fort, il se laissa vite dominer par l’adresse supérieure de son nouvel ami.

Il va sans dire que Béchameil reçut promesse formelle d’être l’époux d’Alix, ce qui n’empêcha point Vaunoy de favoriser sous main la très-innocente intimité qui s’était établie à Rennes entre la jeune fille et Didier. Vaunoy avait sans doute ses raisons pour cela.

Pendant le séjour de Didier à Rennes, Béchameil n’avait point été sans s’apercevoir des soins que le jeune protégé du comte de Toulouse rendait à Alix. Ceci nous explique la grimace du gros et galant financier à la vue de son jeune rival. Quant à Mlle Olive, si elle avait agité son éventail, c’est qu’il avait coûté cher et qu’elle en voulait montrer les peintures.

Le repas est toujours l’acte le plus important de l’hospitalité bretonne. Au bout de quelques instants, maître Alain, le majordome, décoré de sa chaîne d’argent officielle et les yeux rouges encore de son somme bachique, ouvrit les deux battants de la porte pour annoncer le souper.

— Demain nous parlerons d’affaires, dit gaiement M. de Vaunoy. Maintenant, à table !