Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/131

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— À table ! répéta Béchameil à qui ce mot rendit une partie de sa sérénité.

Alix se leva, et, d’instinct, offrit sa main à Didier. Ce fut M.  de Béchameil qui la prit. Le capitaine à dessein ou faute de mieux, se contenta des doigts osseux de Mlle  Olive.

Nous ne raconterons point le souper, pressé que nous sommes d’arriver à des événements de plus haut intérêt. Nous dirons seulement que M.  de Vaunoy, tout en portant à diverses reprises la santé de son jeune ami, le capitaine Didier, échangea plus d’un regard équivoque avec maître Alain, auquel même, vers la fin du repas, il donna un ordre à voix basse.

Maître Alain transmit cet ordre à un valet de mine peu avenante que Vaunoy avait débauché l’année précédente à Mgr  le gouverneur de la province, et qui avait nom Lapierre. Nous avons déjà fait mention de lui.

Pendant cela, Béchameil faisait sa cour accoutumée. Alix ne l’écoutait point et tournait de temps en temps son regard triste et surpris vers le capitaine qui causait fort assidûment avec Mlle  Olive. Celle-ci le trouvait fort bien élevé. Elle avait la même opinion de tous ceux qui voulaient bien l’écouter ou faire semblant.

Après le repas, Hervé de Vaunoy conduisit lui-même le capitaine jusqu’à la porte de sa chambre à coucher et lui souhaita la bonne nuit. Jude était debout encore. Il arpentait la chambre à pas lents, plongé dans de profondes méditations.

— Eh bien ! lui dit son maître, es-tu content de moi ! T’ai-je épargné les regards indiscrets ?