Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/159

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vères qu’elle attacha à mon corsage, puis encore elle me parla de vous.

— De moi ! prononça involontairement Didier.

— Elle ne vous nomma point, mais je vous reconnus ; je sentis quel était mon devoir.

— Hélas ! mademoiselle, s’écria Didier, je suis bien coupable peut-être…

— Envers elle, oui, monsieur, si vous dites un mot de plus, car elle est votre fiancée.

Il y eut un moment de silence. Alix reprit :

— Quand elle sera votre femme…

Elle s’interrompit parce que le regard du jeune capitaine avait exprimé la surprise.

— Elle sera votre femme, poursuivit-elle cependant avec fermeté ; vous le voulez… et vous le devez. Elle est bien pauvre, mais vous avez votre épée, et vous n’êtes point de ceux que leur naissance enchaîne à l’orgueil !

Didier se redressa.

— Je ne suis pas gentilhomme, c’est vrai, dit-il, je le sais. Peut-être n’était-il pas besoin de me le rappeler.

Alix lui tendit la main cette fois et répliqua :

— Excusez-moi, je plaide la cause de mon amie.

Les capitaines n’aiment pas à être congédiés, même de cette façon noble et charmante.

— Mademoiselle, dit-il, la cause de Marie n’avait peut-être pas besoin d’être plaidée ; mais voyons, puisque nous sommes le frère et la sœur, noble sœur et frère de roture, j’ai bien le droit d’interroger.

— Interrogez.