Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/162

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meil ; veuillez me donner, je vous prie, des nouvelles de votre santé.

Didier froissa la lettre et la déchira en tout petits morceaux. Cela fait, il salua l’intendant royal et lui répondit par quelque banale politesse. M.  de Béchameil avait complètement mis bas ses fâcheuses dispositions de la veille : Vaunoy venait de lui faire entendre qu’il n’avait rien à craindre d’un semblable rival et que la main d’Alix lui était assurée. Aussi se sentait-il porté vers Didier d’une bienveillance inaccoutumée.

Quant à Vaunoy, il n’avait point dépouillé son masque de bonhomie. On eût dit, en vérité, un brave oncle abordant son neveu chéri.

— Messieurs, dit le capitaine dont la froideur contrastait fort avec la cordialité de ses hôtes, vous plairait-il que nous parlions maintenant de ce qui concerne le service de Sa Majesté ?

— Assurément, répondit Vaunoy.

Et Béchameil répéta :

— Assurément !… Pourtant, ajouta-t-il après réflexion, je pense, sauf avis meilleur, qu’il serait convenable de déjeuner d’abord.

— Fi ! monsieur de Béchameil ! dit Vaunoy en souriant.

— Mettez, monsieur mon ami, que je n’aie point parlé. Je préfère évidemment le service du roi au déjeuner et même au dîner ! Mais ceci n’empêche point qu’un déjeuner refroidi soit une triste chose. Nous vous écoutons, monsieur le capitaine.

Didier tira de son portefeuille un parchemin sur lequel Vaunoy jeta les yeux pour la forme. Béchameil, en