Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/163

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lisant le seing royal, crut devoir ôter son feutre et prier Dieu qu’il bénît Sa Majesté.

— Sur la proposition de S. A. R. Mgr  le comte de Toulouse, gouverneur de Bretagne, dit le capitaine, le roi m’a conféré mission d’escorter les fonds provenant de l’impôt à travers cette contrée qui passe pour dangereuse…

— Et qui l’est ! interrompit Vaunoy.

— Qui l’est énormément, ajouta Béchameil.

— Le roi m’a chargé en outre, reprit Didier, de veiller à la perception des tailles, et Son Altesse Sérénissime m’a donné mission particulière de poursuivre et détruire, par tous moyens, cette poignée de rebelles qui portent le nom de Loups.

— Que Dieu vous aide ! dit Vaunoy. C’est là, mon jeune ami, une noble mission.

— Une mission que je ne vous envie en aucune façon, mon jeune maître ! pensa tout bas Béchameil. Dieu vous assiste ! prononça-t-il à haute voix.

— Je vous rends grâces, messieurs. Dieu protège la France, et son aide ne nous manquera point. Je pense que la vôtre ne me fera pas défaut davantage.

À cette question faite d’un ton de brusque franchise, Vaunoy répondit par un mouvement de tête accompagné d’un diplomatique sourire. Béchameil, malgré sa bonne envie, ne put imiter que le mouvement. Ce gastronome n’était point diplomate.

Didier insista.

— Je puis compter sur votre aide ? demanda-t-il une seconde fois.

Vaunoy répondit :