Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/177

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— Ah ! Et vous lui avez parlé ?

— Je lui ai parlé.

— De sorte que cette froideur affectée était un rôle appris…

Alix l’arrêta d’un regard calme et doux.

— Mes actions ne mentent pas plus que mes paroles, dit-elle. Rassurez-vous, monsieur. J’ai la volonté de tenir ma promesse. D’ailleurs, ajouta-t-elle plus bas, ma volonté n’est pas votre seule garantie : le capitaine Didier ne vous demandera pas ma main.

— En vérité ! s’écria Vaunoy avec une joie brutale.

Puis il poursuivit :

— Voilà une heureuse nouvelle, Alix ; que ne le disiez-vous tout de suite, ma chère enfant ? Ah ! le capitaine… cet impertinent soldat de fortune !

Il prononça ces derniers mots d’un ton de pitié ironique qui eût profondément blessé un cœur vulgaire ; mais Alix était au-dessus de cette atteinte. Son front resta serein, et ce fut avec un sourire mélancolique, mais tranquille, qu’elle reprit la parole.

— Je suis de votre avis, mon père, dit-elle ; je crois que tout est pour le mieux.

Vaunoy connaissait sa fille, et, si peu fait qu’il fût pour la comprendre, il avait pour elle une sorte de respect. Néanmoins cette résignation lui sembla si extraordinaire qu’il eut peine à y croire.

Involontairement et suivant la pente de sa vieille habitude, il reprit son espionnage moral.

— Saint-Dieu ! dit-il après un silence, vous êtes le parangon des filles, Alix, et je veux parier qu’on irait de Rennes à Nantes sans trouver votre pareille. Pas une