Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Eh bien ? reprit Hervé de Vaunoy.

— Hé ! hé ! fit encore Lapierre.

Vaunoy dont le front devenait pourpre, blasphéma entre ses dents.

— Oui, reprit l’ex-avaleur de sabres sans s’émouvoir le moins du monde ; évidemment il ne pourrait échapper. Si nous en étions là, je ne donnerais pas six deniers de sa vie, mais…

— Mais quoi ?

— Nous n’en sommes pas là.

— Penses-tu donc que l’appât des cinq cent mille livres ne soit pas assez fort ?

— Ils viendraient pour la dixième partie de cette somme.

— Pour la vingtième, dit maître Alain en aparté, je donnerais mon âme au diable, moi qui suis un homme d’âge et un fidèle sujet du roi.

— Alors, que veux-tu dire ? demanda Vaunoy à Lapierre.

Maître Alain tendit l’oreille, afin de s’approprier, au besoin, l’opinion de son collègue. Celui-ci, sans paraître prendre garde à l’impatience toujours croissante de Vaunoy, se dandina un instant et jeta ces paroles avec suffisance :

— Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler des apologues de La Fontaine, je suppose… Si vous vous fâchez, je deviens muet. Ce La Fontaine est un poète de fort bon conseil, ce qui est rare chez les poètes. Il me souvient d’une de ses fables…

— Saint-Dieu ! interrompit Vaunoy, je donnerais dix louis pour bâtonner ce drôle !