Aller au contenu

Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On leur prenait ce qui de père en fils, avait toujours été à eux, ce que les tribunaux, mis en demeure de juger, selon la coutume de Bretagne et la loi romaine, leur auraient certainement concédé.

D’un autre côté, le fisc leur arrachait le fruit de leur labeur.

Il aurait fallu opposer l’idée chrétienne à leurs rancunes et la charité à leur ruine ; mais au lieu de prêtres on leur envoya des soudards.

Ils ne travaillèrent plus, et ce fut tant pis pour leurs voisins. Les soldats du roi, par représailles, démolirent ou incendièrent les loges qui bordaient les grandes allées ; mais c’était là peine perdue. Les Loups savaient où trouver ailleurs un asile ; ils apprenaient en outre à s’indemniser largement des pertes qu’on leur faisait subir.

Après l’intendant royal, ce fut Hervé de Vaunoy qui reçut les plus rudes atteintes de leur méchante humeur. Hervé de Vaunoy avait beau faire mystère de sa rancune profonde contre les Loups, qui, à diverses reprises, avaient cruellement maltraité ses domaines ; il avait beau se cacher pour conseiller la rigueur au pacifique Béchameil : chaque fois que, derrière le rideau, il suggérait quelque mesure impitoyable, les Loups se vengeaient immédiatement.

On eût dit, tant le châtiment suivait de près l’offense, que le chef des Loups avait au château de la Tremlays des intelligences ou des espions.

Tout récemment, Vaunoy ayant ouvert l’avis que, pour détruire l’insurrection dans sa racine, il fallait attaquer la Fosse-aux-Loups et sonder le ravin, son manoir