Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/202

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de Boüexis fut, vingt-quatre heures après, dévasté de fond en comble.

En somme, les Loups n’avaient point d’ennemi plus mortel qu’Hervé de Vaunoy, et ils lui rendaient depuis longtemps haine pour haine.

Jude savait une partie de ces choses, et devait sous peu apprendre le reste. Dans cette querelle, son choix ne pouvait être douteux. Le souvenir de son maître et ses vieilles sympathies le portaient vers les Loups qui étaient des Bretons, comme disait dame Goton avec tant d’emphase.

Mais Jude n’avait ni la volonté ni le loisir de prêter l’appui de son bras aux gens de la forêt. Sa mission était définie ; les dernières paroles de Treml mourant retentissaient encore à son oreille, et il eût regardé comme un crime de s’arrêter sur la voie tracée par le suprême commandement de son maître, ou même de s’écarter un instant du droit chemin.

Il était huit heures du matin à peu près quand Jude arriva en vue de la croix de Mi-Forêt. Ce lieu était en grande vénération dans tout le pays, et les bonnes gens des alentours avaient surtout une dévotion en quelque sorte patriotique pour une petite madone dont la niche était pratiquée dans le bois même de la croix.

C’était à cette vierge, connue sous le nom de Notre-Dame de Mi-Forêt, que Nicolas Treml avait dit son dernier Ave en quittant la terre de Bretagne qu’il n’espérait plus revoir.

Jude mit pied à terre devant le monument rustique, s’agenouilla et pria.

Quelques minutes après, il apercevait, à travers l’é-