Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/203

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pais branchage d’un bouquet de hêtres, la fumée du toit de Pelo Rouan, le charbonnier.

La loge de Pelo se cachait au centre du bouquet, et s’élevait, adossée à un petit mamelon couvert de bruyères, au pied duquel il avait bâti ses fours à charbon.

L’aspect de ce lieu était agreste, mais riant, et un petit jardin, tout empli de fleurs comme une corbeille, donnait à la cabane un peu de calme et de bien-être.

Ce jardin était le domaine de Marie. C’était elle qui plantait et arrosait ces fleurs.

Au moment où Jude dépassait les derniers arbres, Marie, assise sur le pas de sa porte, tressait un panier de chèvrefeuille. Son esprit n’était pour rien dans son travail, mais ses petits doigts blancs, roses et effilés, pliaient si dextrement les branches parfumées que le travail ne se ressentait point de sa distraction.

En tressant, elle chantait, mais ce n’était pas non plus son chant qui captivait sa pensée. Sa voix pure s’échappait par capricieuses bouffées ; la mélodie s’interrompait brusquement, puis reprenait tout à coup, tantôt mélancolique et lente, tantôt vive et joyeuse, toujours charmante.

Ce qui occupait Fleur-des-Genêts tandis qu’elle travaillait ainsi, seule, sur le pas de sa porte, c’était Didier, l’ami de son enfance. Il avait promis de l’épouser. Elle l’avait revu.

Elle était heureuse et savourait sa joie ; elle n’en voulait rien perdre et chassait avec soin toute pensée de doute ou de crainte.

Pourquoi douter ? pourquoi craindre ? N’était-il pas