Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/212

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— Un brave jeune homme !

— Un ennemi de la Bretagne ! Mais il ne s’agit point de lui. Revenons à Treml.

Jude remit son épée dans le fourreau, et tous deux s’assirent de nouveau sans défiance l’un près de l’autre.

— Vous avez été généreux, dit Jude, car je vous avais rudement attaqué. Aussi, je ne vous demanderai point qui vous a rendu maître du secret de notre monsieur. Entre vos mains, il est en sûreté ; je me fie à vous, comme vous à moi. Touchez là, s’il vous plaît.

— De grand cœur, mon homme. Jean Blanc m’a souvent parlé de vous. Vous étiez miséricordieux et bon pour le pauvre insensé. Merci pour lui qui s’en souvient, ami Jude, et qui vous rendra peut-être quelque jour le bien que vous lui avez fait.

— Qu’il le rende à Treml, le pauvre garçon !

— Il a fait ce qu’il a pu pour Treml, dit Pelo Rouan avec tristesse et solennité.

— Sans doute, mais ce qu’il pouvait était, par malheur, peu de chose.

— Autrefois, il en était ainsi, parce que Jean Blanc ne savait rendre que le bien pour le bien. Depuis lors, il a appris à rendre le mal pour le mal, et il est devenu fort.

— N’est-il donc plus fou ? demanda Jude.

— Dieu nous envoie parfois des épreuves si violentes que les gens sains en perdent l’esprit, répondit Pelo Rouan ; par contre, ces secousses rendent parfois aussi la raison aux insensés. Jean Blanc n’est plus fou.