Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/219

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— Il avait bien fait ! interrompit Jude. Son devoir était de publier partout le crime.

— Il ne faut pas parler de trop bas, quand on dit certaines choses, ami Jude, murmura Pelo Rouan qui secoua la tête : Jean Blanc était alors une créature un peu moins considérée que Loup, le chien de Nicolas Treml. Loup voulut aboyer, on le tua : Jean Blanc aurait mieux fait de se taire.

« Quoi qu’il en soit, il avait parlé, et Vaunoy n’était pas homme à lui pardonner les bruits sinistres qui commençaient à courir dans le pays. En voyant ce misérable suivi de soldats, Jean Blanc eut une vague frayeur. Il songea à son père, qui gisait seul dans la loge de la Fosse-aux-Loups, et se laissa glisser le long du châtaignier pour éclairer la marche de la cavalcade.

« La cavalcade s’arrêta non loin d’ici, à la croix de Mi-Forêt. Les soldats s’étendirent sur l’herbe ; la gourde circula de main en main. Quant aux gens vêtus de noir, ils entourèrent les deux gentilshommes et il se tint une manière de conseil.

« Jean s’approcha tant qu’il put. On parlait, il n’entendait pas. Pourtant, il voulait savoir, car il voyait maintenant, comme je te verrais s’il faisait clair en ma loge, l’hypocrite visage d’Hervé de Vaunoy.

« Il s’approcha encore ; il s’approcha si près que les soudards du roi auraient pu apercevoir au ras des dernières feuilles les poils blanchâtres de sa joue. Mais on causait tout bas, et Jean Blanc ne put saisir qu’un seul mot.

« Ce mot était le nom de son père.

« Jean Blanc se sentit venir dans le cœur une angois-