Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/220

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se. Le nom de Mathieu Blanc dans la bouche de Vaunoy, c’était la plus terrible des menaces.

« Jean se jeta sur le ventre et coula entre les tiges de bruyères comme un serpent. Nul ne l’aperçut.

« Il put entendre.

« Il entendit que les gens vêtus de noir venaient dans la forêt pour dépouiller les pauvres loges au nom du roi de France. Les soldats étaient là pour assassiner ceux qui résisteraient. Les gens vêtus de noir se partagèrent la besogne : c’étaient les suppôts de l’intendant.

« Le nom du père de Jean avait été prononcé, parce que les collecteurs ne voulaient point se déranger pour un si pauvre homme, mais Vaunoy les avait excités.

— Il a de l’or, disait-il ; je le sais ; c’est un faux indigent ; sa misère est menteuse. Saint-Dieu ! s’il le faut, je vous accompagnerai dans son bouge. Mais, retenez bien ceci : il a de l’or, et quelques coups de plat d’épée lui feront dire où est caché son pécule.

« Les autres répondirent :

« — Allons chez Mathieu Blanc.

« Alors Jean se coula de nouveau, inaperçu entre les tiges de bruyères. Une fois sous le couvert, il bondit et s’élança vers la Fosse-aux-Loups.

« Par hasard Vaunoy ne mentait pas. Il y avait de l’or dans la pauvre loge de Mathieu Blanc ; quelques pièces d’or, reste de la suprême aumône de Nicolas Treml, quittant pour jamais la Bretagne. »

— Oui, oui, murmura Jude ; en partant, il n’oublia