Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/222

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« Quelques minutes se passèrent. Un bruit sourd retentit au loin sur la mousse dans la forêt. Jean comprit que les cavaliers avaient mis pied à terre au delà des fourrés et qu’ils avançaient vers le ravin.

« Il alla au trou qui servait de croisée, et souleva la serpillière pour voir au-dehors.

« Il n’attendit pas longtemps.

« Bientôt le taillis s’agita de l’autre côté du ravin et des hommes parurent.

« Jean les compta. Il y avait un collecteur, huit soldats et Hervé de Vaunoy.

« Jean les vit gravir la lèvre du ravin. Puis on frappa rudement à la porte, dont les planches vermoulues craquèrent, Jean alla ouvrir, avant même que l’homme vêtu de noir eût crié son : De par le roi !

« Des soldats entrèrent en tumulte, suivis de Vaunoy qui resta prudemment près du seuil. Le collecteur tira de son pourpoint une pancarte et lut des mots que Jean ne sut point comprendre. Puis il dit : – Mathieu Blanc, je vous somme de payer cent livres tournois pour tailles présentes et arriérées depuis dix ans.

« Mathieu Blanc s’était retourné sur son grabat, et regardait tous ces hommes armés avec des yeux hagards.

« Le collecteur répéta sa sommation, et les soldats l’appuyèrent en frappant la table du pommeau de leurs épées.

« – J’ai soif, Jean, dit faiblement le vieillard.

« Le cœur de Jean se brisait, car l’agonie se montrait sur les traits flétris de son vieux père. Il voulut prendre