Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/225

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« Lorsque les soldats sortirent en criant et en menaçant, il avait déjà disparu dans les broussailles.

« — Tirez ! cria Vaunoy ; tuez-le comme un animal nuisible, ou il prendra sa revanche !

« Quelques coups de feu se firent entendre, mais l’albinos ne fut point atteint, quoique vingt pas le séparassent à peine de la loge. Il ne bougea pas et demeura coi dans les broussailles où il s’était caché.

« Alors commença une œuvre sans nom. Furieux d’avoir vu l’une de ses victimes lui échapper, Vaunoy, cet homme au visage doucereux et souriant, qui assassine sans froncer le sourcil, Vaunoy ordonna aux soldats d’incendier la loge. On alluma des fagots à l’aide d’une batterie de fusil, et bientôt une flamme épaisse entoura le lit de mort du vieux serviteur de Treml ! »

— Les misérables ! s’écria Jude ; et que fit Jean Blanc ?

— Attends donc ! dit Pelo Rouan dont les dents serrées semblaient vouloir retenir sa voix ; Jean ne bougea pas tant que les assassins restèrent autour de la loge, riant comme des sauvages et blasphémant comme des démons. Quand ils se retirèrent, Jean s’élança hors de sa cachette, pénétra dans la loge en feu, et prit le cadavre de son père qu’il emporta au dehors, afin de lui donner plus tard une sépulture chrétienne.

« Il ne fit point en ce moment de prière ; à peine déposa-t-il un court baiser sur le front du vieillard, desséché déjà par le vent brûlant de l’incendie.

« Jean Blanc n’avait pas le temps.

« Il saisit le fusil qu’il avait caché sous les ronces, le chargea et descendit en trois bonds le ravin, dont il re-