Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/226

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monta de même la rampe opposée. Puis il s’élança tête première dans le fourré. Les assassins avaient de l’avance ; mais le vent d’équinoxe ne va pas si vite qu’allait Jean Blanc poursuivant les meurtriers de son père. »

— Bien cela ! s’écria encore Jude, bien, Jean Blanc, mon garçon !

— Attends donc ! Avant qu’ils eussent atteint la lisière du fourré où étaient attachés leurs chevaux, un coup de fusil retentit sous le couvert. Le collecteur tomba pour ne plus se relever.

Jude battit des mains avec enthousiasme.

— Et Vaunoy ? dit-il, et Vaunoy ?

— Vaunoy devint plus pâle que le corps mort du vieux Mathieu. Il tremblait ; ses dents s’entrechoquaient.

« — Hâtons-nous, hâtons-nous ! dit-il.

« Ils se hâtèrent ; mais au moment où ils atteignaient leurs chevaux, on entendit encore un coup de fusil. Le soldat qui avait brisé, sur la table, le vase qui contenait le remède de Mathieu Blanc, poussa un cri et se laissa choir dans la mousse. »

— Mais Vaunoy ? mais Vaunoy ? interrompit Jude.

— Attends donc ! Ils montèrent à cheval. La terreur était peinte sur tous les visages naguère si insolents. Ils prirent le galop, croyant se mettre à l’abri, les insensés ! Jean Blanc ne savait-il pas comment abréger la distance ? La route tournait ; Jean Blanc allait toujours tout droit. Point de taillis assez épais pour arrêter sa course, point de ravin si large qu’il ne pût franchir d’un bond.