Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/237

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Pelo Rouan garda le silence, et Jude le vit s’agiter convulsivement sur son banc.

— Qu’avez-vous ? demanda-t-il.

— Va-t’en ! dit avec effort le charbonnier, tu sais tout ce que je pouvais t’apprendre.

— Mais que dois-je faire ? Ne puis-je aider Jean Blanc ?

— Va-t’en ! répéta impérieusement Pelo ; au nom de Dieu, va-t’en ! quand l’heure sera venue, Jean Blanc saura te trouver.

Jude étonné se leva et se dirigea vers la porte de la loge. Avant qu’il eût passé le seuil, Pelo glissa du banc et se roula sur le sol où il se débattit en poussant des gémissements étouffés.

Jude se retourna, mais le jour baissait. La loge était de plus en plus sombre ; il aperçut seulement une masse noire qui se mouvait désordonnément dans les ténèbres.

— Qu’avez-vous, mon compagnon ? demanda-t-il encore en adoucissant sa rude voix.

Un cri d’angoisse lui répondit ; puis la voix de Pelo Rouan s’éleva brisée, méconnaissable, et dit pour la troisième fois :

— Va-t’en !

Jude obéit, et comme il n’avait point coutume de s’occuper longtemps des choses qu’il ne comprenait pas, à peine monté à cheval, il oublia Pelo pour songer uniquement à Jean Blanc, aux Loups et au moyen de prendre au piège Hervé de Vaunoy vivant.

En songeant ainsi il éperonna son cheval, et prit la route de Rennes où son nouveau maître lui avait donné rendez-vous.