Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/247

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dire, ajouta-t-il d’un ton d’ironie pendable, comment un pauvre diable comme moi a pu s’attirer la haine d’une fille de noble maison. Je suis très-curieux de savoir cela.

— La haine ! répéta Alix, qui se redressa.

Elle retint une parole de dédain écrasant et dit à voix basse :

— Lapierre, vous êtes un assassin.

— Ah ! fit encore celui-ci sans s’émouvoir le moins du monde.

— Je ne sais pas, poursuivit Alix, ce qu’il put jamais y avoir de commun entre un homme comme vous et le capitaine Didier…

— Nous y voilà ! interrompit Lapierre assez haut pour être entendu.

— Paix, vous dis-je, ou je vous ferai châtier comme vous le méritez ; j’ignore ce qui a pu vous porter à ce crime, mais c’est vous qui avez attendu nuitamment, l’année dernière, le capitaine Didier, dans les rues de Rennes.

— Vous vous trompez, mademoiselle.

Alix tira de son sein la médaille de cuivre que le lecteur connaît déjà.

— Le mensonge est inutile, continua-t-elle, c’est moi qui pansai votre blessure quand on vous ramena à l’hôtel, et je trouvai sur vous cette médaille que je savais appartenir au capitaine Didier. Vous la lui aviez volée croyant sans doute qu’elle était en or.

— Et vous, mademoiselle, repartit Lapierre en souriant, vous l’avez gardée précieusement depuis ce temps, quoiqu’elle ne soit que de cuivre.