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Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/249

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grammaire : Au lieu du futur mettez le présent, et vous aurez dit la vérité, mademoiselle.

— Je ne vous comprends pas ! balbutia Alix qui devint pâle et chancela.

— Si fait, mademoiselle, vous me comprenez et parfaitement. Croyez-moi, ne me forcez point à mettre les points sur les i.

— Je veux que vous vous expliquiez, au contraire, dit Alix avec effort.

— À votre volonté. Le bon sens exquis dont vous êtes douée vous avait fait deviner tout d’abord que rien de commun ne pouvait exister entre un honnête garçon tel que moi et un enfant sans père comme le capitaine Didier. Je n’ai point de haine, en effet. Mais le sort a été injuste à mon égard : je ne suis qu’un valet ; la haine d’autrui peut devenir ma haine : et, pour gagner mes gages, je puis avoir à tirer l’épée comme si je haïssais réellement…

— Tu mens, misérable ! interrompit la jeune fille exaspérée, car elle comprenait.

— Vous savez bien que non. J’ai tué parce qu’on m’a dit : Tue.

— Oses-tu bien accuser mon père !

— Moi ! Je ne pense pas avoir prononcé le nom respectable de M. Hervé de Vaunoy. Mais, à bon entendeur, salut.

— Tu mens ! tu mens ! répéta Alix dont la tête se perdait.

— Mettons que je mente, mademoiselle, pour peu que cela puisse vous être agréable. Mais, que je mente ou non, si, comme je le crois, vous portez quelque inté-