Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/250

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rêt au capitaine Didier, ne perdez pas votre temps à menacer un homme qui ne saurait vous craindre. Cet homme, d’ailleurs, n’est que l’instrument. Montez plus haut : arrêtez le bras ou fléchissez le cœur.

Il ajouta plus bas :

— Et quand votre père reviendra, s’il vous est donné de revoir votre père, agissez sans perdre une minute, c’est un bon conseil que je vous donne.

À ces mots Lapierre salua profondément et prit congé avec toute l’apparence du calme le plus parfait.

Alix ne saisit point ses dernières paroles ; mais elle en avait assez entendu. Dès que le valet fut parti, elle s’affaissa sur son siège et mit sa tête entre ses mains. Un monde de pensées navrantes fit irruption dans son cerveau.

— Mon père ! mon père ! murmurait-elle au travers de ses sanglots ; je ne veux pas le croire. Ce misérable ment !

Mais elle avait beau faire, une irrésistible conviction s’imposait à son esprit : c’était son père qui avait ordonné l’assassinat de Didier.

Pourquoi ?

Elle se leva chancelante, et agita sa sonnette. Elle voulait joindre Didier, lui conseiller de fuir… Hélas, que lui dire sans accuser son père ?

Lorsque Renée se rendit à l’appel de la sonnette, elle trouva sa jeune maîtresse inanimée sur le plancher. Alix avait succombé à son émotion. Quand elle recouvrit ses sens, une fièvre violente s’empara d’elle.

L’heure du dîner vint cependant, et M. de Béchameil, quittant la cuisine, fit son entrée dans la salle à man-