Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/257

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La corde se noua du premier coup, et se balança tout auprès du visage de Vaunoy.

On ne peut dire que celui-ci se fût engagé à la légère dans sa périlleuse entreprise. Au contraire, il en avait laborieusement calculé toutes les chances, mais il avait compté sans sa poltronnerie, et sa poltronnerie allait le tuer.

Il était parti de la Tremlays dans un de ces moments de résolution désespérée où le plus lâche devient en quelque sorte le plus téméraire.

Sa haine pour Didier, ou, pour parler mieux, l’envie passionnée qu’il avait de jeter hors de sa route la vivante menace qui le tourmentait nuit et jour, lui avait caché une partie du péril, en lui montrant plus certaines qu’elles ne l’étaient les chances de réussite.

Il ne pouvait rien par lui-même contre Didier, officier du roi et son hôte officiel, et pourtant il fallait que Didier disparût. Il le fallait ; c’était une question de fortune qui pouvait devenir question de vie ou de mort.

Par une étrange destinée, ce jeune soldat se trouvait fatalement en contact avec Vaunoy sur tous les points à la fois. Le penchant d’Alix pour lui et son éloignement croissant pour Béchameil, qui en était une conséquence naturelle, eussent constitué seuls une cause d’inimitié bien suffisante ; car, à cette époque où le parlement s’occupait journellement de recherches de noblesse, il fallait que Vaunoy conquît à tout prix l’appui de l’intendant royal.

Un mot de Béchameil pouvait lui faire perdre sa qualité de noble homme, et par conséquent l’opulent héritage de Treml.