Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/258

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Mais à part ce motif, Vaunoy en avait un autre, plus impérieux encore, et nous ne dirons pas trop en affirmant que Didier et lui ne pouvaient exister ensemble sous le ciel.

Au reste, si nous n’avons pas complètement échoué dans la peinture de son caractère, on doit penser, indépendamment même de cette explication, qu’il avait fallu à Vaunoy un bien puissant motif pour braver ainsi la vengeance des Loups, lui qui avait été leur plus actif et leur plus implacable persécuteur.

Ce motif une fois admis, restait, pour un homme véritablement résolu, à combiner un plan et à n’engager la bataille qu’avec le plein exercice de son sang-froid.

Le maître de la Tremlays était dans de tout autres conditions. En traversant la forêt, il avait subi tour à tour les influences de la frayeur la plus exagérée et du plus fol espoir. Maintenant qu’il fallait agir sous peine de mort, il restait vaincu par l’épouvante, incapable, inerte, hébété : mort d’avance, comme ces malheureux qu’on précipite du haut d’une tour élevée et qui expirent, dit-on, avant de toucher le sol.

Simon Lion le saisit à bras-le-corps, et Livaudré fit un nœud coulant à l’extrémité de la corde ; Vaunoy ne bougea pas ; il se laissa passer la corde autour du cou sans faire résistance aucune.

Seulement, lorsque la hart lui blessa la gorge, il roula autour de lui de gros yeux affolés, et poussa une plainte étouffée.

— Hale ! cria Livaudré.

Les pieds du malheureux Vaunoy quittèrent le sol.