Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/259

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Comme on voit, les pressentiments de Lapierre n’étaient pas sans quelque fondement.

Mais au moment où la face du patient passait du violet au noir par l’effet de la strangulation, un cinquième personnage bondit alors des broussailles. C’était encore un Loup.

— Arrive donc ! petit Yaumi, lui dirent ses camarades ; viens voir la dernière grimace d’une de tes connaissances.

Le petit Yaumi, que nous avons rencontré tout à l’heure dans la loge de Pelo Rouan, était un énorme gaillard, haut de près de six pieds et membré en proportion. Il jeta un coup d’œil sur Vaunoy et le reconnut malgré la contraction hideuse de ses traits.

— Méchants blaireaux ! murmura-t-il : ils allaient le tuer comme ça sans crier gare !

Et d’un revers de son grand couteau de chasse, il coupa la corde. Vaunoy tomba comme une masse et s’affaissa sur le gazon.

— Vous faisiez là de la belle besogne, reprit le petit Yaumi. Et qu’aurait dit le Maître ? Ne savez-vous pas qu’il y a quelque chose entre lui et ce vil coquin, pour qui la corde était une mort trop douce ? Le Maître est-il dans la mine ?

— Le diable sait où est le Maître, répondit Livaudré d’un ton bourru, quant à ce qui est de ce vieux drôle, il peut se vanter de l’avoir échappé belle. Mais il n’est pas au bout, et il faudra savoir si nos anciens ne lui remettront pas la corde au cou.

— Nos anciens obéissent au Maître tout comme toi et