Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/261

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taillé presque à pic ; tantôt ses conducteurs le soulevaient à force de bras, le portaient pendant quelques pas et le déposaient ensuite sur le sol.

Cela dura dix minutes environ. Au bout de ce temps, Vaunoy entendit un bruit de voix confuses, et une forte odeur de tabac et d’eau-de-vie le saisit à la gorge.

On lui arracha son bandeau.

Il était chez les Loups, dans leur réfectoire, et arrivait au dessert.

La rouge clarté d’une demi-douzaine de torches qui brûlaient autour de lui éblouit d’abord ses yeux habitués aux ténèbres. En outre, les cris assourdissants qu’un millier de larynx récemment abreuvés poussèrent à sa vue, faillirent de nouveau lui faire perdre la tête. Il y avait de quoi : c’étaient de tous côtés, énergiques menaces et clameurs de mort.

Mais bientôt un silence se fit. Simon Lion avait prononcé quatre mots qui produisirent un effet réellement magique. Les clameurs devinrent tout à coup murmures, et ces quatre mots répétés avec componction passèrent en un instant de bouche en bouche.

— Cinq cent mille livres ! disait-on de toutes parts.

Ce chuchotement d’excellent augure ranima Hervé de Vaunoy mieux que n’eût fait le plus méritant de tous les baumes. Il se sentit revivre et devint brave de toute la grande peur qu’il avait eue.

Le spectacle qu’il entrevoyait, à mesure que ses yeux s’aguerrissaient au sombre éclat des torches, n’était pas fait cependant pour porter au comble sa sécurité.

Il était précisément au centre d’une nombreuse assemblée dont les groupes, attablés, sans ordre, autour de