Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/273

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C’était évidemment le bruit produit par la marche d’une nombreuse réunion d’hommes, dont les pas s’étouffaient sur la mousse de la forêt.

Jude s’arrêta. Ce ne pouvait être l’escouade des sergents de Rennes, car les pas venaient du côté opposé à la ville, et avançaient plus rapidement que ne fait d’ordinaire une troupe soumise aux règles de la discipline.

Jude devinait rarement ; il en était encore à s’interroger, lorsque l’agitation des branches du taillis lui annonça l’approche de cette mystérieuse armée.

Il n’eut que le temps de se jeter de côté sous le couvert.

Au même instant, une cohue pressée, courant sans ordre, mais à bas bruit, fit irruption dans le sentier que Jude venait de quitter.

À la douteuse clarté qui régnait encore, le vieil écuyer tâcha de compter, mais il ne put. Les hommes passaient par centaines, et incessamment d’autres hommes sortaient du fourré.

C’était un spectacle singulier et fait pour inspirer l’effroi, car aucun de ces hommes ne montrait son visage aux derniers rayons du crépuscule. Tous avaient la figure couverte d’un masque de couleur sombre.

Tous, hormis un seul qui portait au contraire un masque blanc comme neige, au milieu duquel reluisaient deux yeux ronds et incandescents, comme les yeux d’un chatpard.

Cet homme, qui était de grande taille, mais de bizarre tournure, marchait le dernier. Lorsqu’il passa devant Jude, il se trouvait en arrière d’une cinquantaine de pas