Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/274

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sur ses compagnons, et le vieil écuyer le vit avec étonnement faire, sans effort apparent, deux ou trois bonds réellement extraordinaires, qui le portèrent en quelques secondes à l’arrière-garde de la fantastique armée.

Jude demeura quelques minutes comme ébahi. Au bout de ce temps, sa lente intelligence ayant accompli le travail qu’une autre aurait fait de prime-saut, il conjectura que ces sauvages soldats étaient des Loups. Mais où allaient-ils en si grand nombre et armés jusqu’aux dents ?

Jude se fit cette question, mais il n’y répondit point tout de suite, bien que les Loups, chuchotant entre eux, eussent prononcé, en passant près de lui, plus d’un mot qui aurait pu le mettre sur la voie.

Il poursuivit sa route, tout pensif et fort intrigué, vers la demeure de Pelo Rouan.

Pendant qu’il marchait par les sentiers redevenus déserts de la forêt, son esprit travaillait, et les vagues paroles surprises çà et là aux Loups qui passaient, lui revenaient comme autant de menaces.

La loge de Pelo Rouan était fermée. Jude frappa de toute sa force à la porte close ; personne ne répondit.

— C’est étonnant, pensa-t-il, entremêlant sans le savoir le désappointement présent et l’objet de sa récente préoccupation. Ce singulier personnage, masqué de blanc, qui marchait le dernier, avait des yeux semblables à ceux que je vis briller hier dans les ténèbres de cette loge… Ouvrez, mon compagnon, ouvrez à l’écuyer de Treml.

Point de réponse. Seulement, de l’autre côté de la loge, d’autres coups se firent entendre, comme pour