Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/276

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sentait instinctivement l’importance et qu’il ne pouvait formuler.

Au bout de quelques minutes, il se redressa brusquement et laissa tomber ses bras le long de son corps. La pensée avait jailli ; la lumière s’était faite dans les ténèbres de sa cervelle : il comprenait.

— Didier ! s’écria-t-il d’une voix brève et coupée ; c’est de Didier qu’elle parle ; Pelo Rouan le déteste ; elle veut le sauver parce qu’il veut le tuer. Et les Loups… par le nom de Treml, il y aura quelqu’un pour le défendre !

Et il se reprit à marcher à pas de géant dans la direction de la Tremlays.

Il semblait avoir retrouvé l’agilité de ses jeunes années, et perçait droit devant lui, au milieu des plus épais fourrés, comme un sanglier au lancer.

En ce moment, pour la première fois, il sentait quelle puissance avait prise, au fond de son cœur, son attachement pour le jeune capitaine, son nouveau maître. À cette honnête et fidèle nature, il fallait un homme à qui se dévouer, et le souvenir de Treml ne suffisait pas à satisfaire l’éternel besoin d’obéir et d’aimer qui constituait, chez Jude, presque tout l’homme moral.

En arrivant à la grille du parc de la Tremlays, Jude était plus inquiet encore qu’au départ, car son flair de fils de la forêt lui révélait la présence d’une immense embuscade.

Il sentait d’instinct que le château était entouré de mystérieux ennemis.

Tout était tranquille encore néanmoins, et Jude resta