Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/277

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indécis, n’osant peser sur la corde qui mettait en mouvement la cloche de la grille.

Qu’il entrât par là ou par la maîtresse porte, donnant sur la cour du château, il y avait pour lui danger pareil d’être reconnu ; or, Jude ne s’appartenait point, et son zèle pour le capitaine ne pouvait lui faire oublier entièrement et si vite qu’il avait juré de donner sa vie à Treml.

Heureusement, pendant qu’il hésitait, il vit briller la lumière d’une lanterne à travers les arbres, et bientôt il distingua l’imposante tournure de dame Goton, qui, la pipe à la bouche et à la main un énorme trousseau de clés, s’en venait voir, selon sa coutume, si toutes les portes étaient bien closes.

Dame Goton et Jude étaient trop bons amis pour que le lecteur conserve la moindre inquiétude au sujet du vieil écuyer dans l’embarras.

Nous laisserons la femme de charge l’introduire avec tout le mystère désirable, et nous réclamerons place à table dans la salle à manger de M. Hervé de Vaunoy.

Le souper était copieux et bien ordonné. Béchameil, qui avait dormi sur sa rancune et n’était point fâché d’ailleurs de veiller personnellement au salut de ses cinq cent mille livres, faisait grand honneur à une seconde édition de son fameux blanc-manger, qu’il avait revue et corrigée pour la circonstance.

Le vin était excellent ; l’officier du roi, qui commandait les sergents de Rennes, se trouvait être un joyeux vivant ; Didier lui-même accueillait avec plus de bienveillance l’hospitalité empressée de Vaunoy.