Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/291

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— Au secours, Jacques ! râla celui-ci.

Jacques s’élança, mais non pas assez vite. Jude avait ressaisi son épée et la plongea de toute sa force dans la poitrine de Lapierre.

Puis, s’appuyant d’une main aux colonnes du lit, il reçut le choc du dernier valet.

C’était encore un champion redoutable que Jude Leker à sa dernière heure. Le valet, grièvement blessé dès les premières passes, jeta son arme et s’enfuit.

Jude se traîna jusqu’à la lanterne qui, éteinte à demi et oubliée par terre, éclairait d’une lueur faible les résultats de cette scène de carnage. Il la prit, ranima la flamme, et s’aidant de ses mains, il regagna le lit où Didier, subissant toujours l’effet du narcotique, dormait son léthargique sommeil.

Ce fut avec une peine infinie que le bon écuyer, rassemblant tout ce qui lui restait de force, parvint à se relever. Il s’appuya d’une main sur les matelas, de l’autre il dirigea l’âme de la lanterne sur le visage de Didier.

Le capitaine était couché sur le dos, dans la position où l’avaient placé les valets de Vaunoy. Il n’avait point bougé depuis lors. La lumière tomba d’aplomb sur ses traits hardis et réguliers.

Jude se mourait, mais sa joie atteignit au délire. Il contempla un instant Didier endormi. Une extatique allégresse illumina sa simple et honnête physionomie, tandis que deux larmes brûlantes sillonnaient lentement le hâle de ses joues.

— C’est lui, murmura-t-il enfin, que Dieu le sauve et le bénisse ! Voilà bien le front de Treml ! et ces