Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/298

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Par l’angoisse de son dévouement plutôt que par l’enchaînement logique de ses souvenirs et des affreux soupçons qui avaient précédé et amené sa fièvre, elle sentait que Didier était menacé de mort.

Et elle venait.

La scène que nous avons mis si longtemps à raconter, dans le chapitre qui précède, n’avait réellement duré que quelques minutes, et quand Alix arriva au seuil de la chambre de Didier, le combat avait déjà pris fin.

Elle entra, comme nous l’avons dit, en prononçant le nom de celui que sa pure et pieuse conscience lui permettait, lui ordonnait de défendre.

Le vieux majordome, stupéfait de cette apparition, demeura immobile, et n’eut pas même la force de demander conseil à sa bouteille. Alix qui avait fait quelques pas sans le voir, l’aperçut enfin, et, de sa main tendue, lui désigna la porte. Le vieillard sortit aussi vite que le lui put permettre le méchant état de ses jambes avinées.

Alix posa son flambeau sur la table et s’assit au pied du lit. Ses regards s’égaraient dans l’obscurité du corridor, à travers la porte entrebâillée.

La fièvre revenait et mettait un voile plus épais sur son esprit.

— Quelle étrange odeur ! dit-elle après quelques secondes de silence, pendant lesquelles son œil n’avait point cherché Didier. Pourquoi ces hommes dorment-ils sur le carreau ? Ils sont heureux de pouvoir dormir. Moi, je vais prier.

Elle mit la main sur son front, et entre ses lèvres pâles une prière coula murmurant.