Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/299

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Puis tout à coup elle frissonna, disant :

— Ils mentent, ils mentent ! Ce ne fut pas mon père qui dirigea le bras de l’assassin !

— Didier ! Didier ! cria dans la cour, sous la fenêtre, la voix de jeune fille que nous avons entendue déjà.

— Didier ! répéta mademoiselle de Vaunoy en faisant effort pour ressaisir sa pensée fugitive ; oui, c’est vrai. je suis venue pour lui… où est-il ?

Elle jeta son regard autour de la chambre et aperçut le capitaine dormant auprès d’elle. Cette vue sembla éclairer soudainement son intelligence.

— Je me souviens, dit-elle, voilà que je me souviens ! Il y avait dans les paroles de ce misérable valet une terrible menace. Les assassins vont venir peut-être…

Elle tourna avec effroi vers la porte ses yeux qui rencontrèrent en chemin, sur le carreau, les trois prétendus dormeurs.

En même temps l’odeur du sang vint de nouveau blesser son odorat.

— Ils sont venus, s’écria-t-elle ; est-il blessé ? Non. Il repose. Dieu soit loué ! son sommeil est tranquille. Mais qui donc a pu le défendre ?

Elle prit le flambeau et l’approcha successivement des trois cadavres.

Elle reconnut Lapierre, lequel gardait, mort, son cynique et insouciant sourire.

Elle reconnut aussi l’autre valet.

Le troisième visage, celui de Jude, était étranger à mademoiselle de Vaunoy. Elle le considéra un instant en silence, puis, se penchant tout à coup, elle prit une de ses mains et la serrant avec passion :