Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/300

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— Que Dieu ait votre âme, murmura-t-elle avec gratitude, vous dont je ne sais pas le nom ; vous êtes mort pour le défendre. Chaque matin et chaque soir, quand je serai loin du monde, je dirai une prière pour que Dieu vous reçoive en sa miséricorde. Ils étaient trois contre vous, davantage peut-être. Vous étiez un vaillant homme et un digne serviteur !

Elle se releva et revint vers Didier.

— Je veux rester là, reprit-elle : on n’osera pas le tuer devant moi.

Les Loups, cependant, continuaient de parcourir le château ; les uns buvaient, les autres dévastaient. Le bruit du pillage et de l’orgie arrivait, comme par bouffées, le long des corridors.

Lorsque ce fracas se calmait, Alix entendait, sans trop y prendre garde, des sanglots de femme dans la cour.

Parmi ces sanglots, elle crut saisir une seconde fois le nom de Didier, et son oreille s’ouvrit avidement.

— Il ne m’entend pas ! disait la voix avec découragement ; il reconnaîtrait mon chant, s’il m’entendait.

Puis elle chantait parmi ses larmes :

Elle cherchait, dans sa détresse,
La forteresse
Où l’Anglais avait enfermé
Son bien-aimé.

Alix se précipita vers la fenêtre. La voix continua :

La nuit, elle venait dans l’ombre
De la tour sombre.
Elle disait sous le grand mur :
Arthur ! Arthur !