Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/30

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— Vaunoy est incapable de me trahir, murmura-t-il ; je le crois… sur mon salut, je le crois ! Mais la confiance n’exclut pas la prudence, et il n’y a que Dieu pour sonder jusqu’au fond le cœur des hommes. Je veux prendre mes précautions.

Le vent des nuits courait dans les longs corridors de la Tremlays. Nicolas Treml, abritant de la main la flamme de la lampe, descendit le grand escalier et se rendit à la salle d’armes où reposait Jude Leker, son écuyer.

Il l’éveilla et lui fit signe de le suivre.

Jude obéit aussitôt en silence.

M. de la Tremlays remonta d’un pas rapide les escaliers du château, traversa de nouveau les corridors et fit entrer Jude dans une petite pièce de forme octogone qu’il avait choisie pour sa retraite, au premier étage d’une tourelle.

Lorsque Jude fut entré, M. de la Tremlays ferma la porte à clef.

L’honnête écuyer n’avait point coutume de provoquer la confiance de son maître. Quand Nicolas Treml parlait Jude écoutait avec respect, mais il ne faisait jamais de questions.

Cette fois, pourtant, la conduite du vieux seigneur était si étrange, sa physionomie portait le cachet d’une résolution si solennelle, que l’écuyer ne put réprimer sa curiosité.

— Vous n’avez pas votre figure de tous les jours, notre monsieur… commença-t-il.

Nicolas Treml lui imposa silence d’un geste et fit jouer la serrure d’une armoire scellée dans le mur.