Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/302

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— Le danger qui le menaçait est-il donc connu dans la forêt ?

— C’est de la forêt que vient ce danger, mademoiselle. Ils sont partis ce soir de la Fosse-aux-Loups. Béni soit Dieu qui a permis que les Loups n’aient point trouvé encore la chambre où il repose, il faut l’éveiller bien vite.

— Les Loups, répéta mademoiselle de Vaunoy avec terreur ; les Loups veulent-ils donc aussi l’assassiner ?

— Non, pas eux, mais un misérable dont j’ignore le nom, et qui leur a ouvert les portes de la Tremlays. Mon père déteste le capitaine, parce qu’il est Français, et encore pour autre chose. Mon père a dit : Je ne frapperai pas, mais je laisserai frapper. C’était dans notre loge qu’il disait cela, et moi j’écoutais derrière la porte de ma chambre. Je me suis jetée aux genoux de mon père ; mon père m’a enfermée dans ma chambrette. Ah ! que j’ai pleuré ! puis j’ai repris courage, à force de prier. Regardez mes mains, Alix, elles saignent encore. J’ai brisé les volets de ma fenêtre, j’ai sauté dehors et je suis accourue à travers les taillis. Mais les murs du parc sont bien hauts, ma chère demoiselle. J’ai donné mon âme à Dieu avant de les franchir, car je croyais que l’heure de ma mort était venue. Notre-Dame de Mi-Forêt a eu pitié de moi, Didier est sain et sauf, et je vous trouve veillant sur lui comme un bon ange.

Elle s’interrompit tout à coup en cet endroit. Un nuage passa sur son front.

— Mais pourquoi veillez-vous sur lui, Alix ? demanda-t-elle.

Ce fut un mouvement passager. Alix n’eut pas même