Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/303

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besoin de répondre. Fleur-des-Genêts, en effet, aperçut les trois cadavres et poussa un cri d’horreur.

— Notre-Dame de Mi-Forêt a eu pitié de toi, ma fille, répéta mademoiselle de Vaunoy d’un ton lent et grave. Deux de ces hommes qui sont maintenant devant Dieu étaient des assassins : je les connais. L’autre, que je ne connais pas, avait un cœur généreux et un bras vaillant. Plût au ciel qu’il vécût encore, car Didier n’est pas hors de péril. Ce sommeil étrange m’effraie, et je sais que les ennemis du capitaine sont capables de tout.

Marie prit la main de Didier et la secoua.

— Éveillez-vous ! dit-elle ; éveillez-vous… Mais voyez donc, Alix ! Il ne bouge pas !

Elle frémit de la tête aux pieds et ajouta :

— Ce sommeil ressemble à la mort !

— Ce sommeil y pourrait mener, ma fille, répondit Alix dont les beaux traits avaient perdu leur jeune caractère et qui semblait avoir mûri de dix ans depuis la veille ; es-tu forte ?

— Je ne sais. Au nom de Dieu ! aidez-moi plutôt à l’éveiller.

— Il ne s’éveillera pas. Aide-moi à le sauver.

Fleur-des-Genêts, soumettant son esprit à l’intelligence supérieure de sa compagne, vint vers elle et l’implora du regard, attendant d’elle seule le salut de Didier. Alix était une noble fille. Dieu l’éprouvait ici-bas pour la glorifier au ciel.

Elle se pencha sur Fleur-des-Genêts et lui donna un baiser de mère.

— Quand tu seras sa femme, dit-elle, sois bonne et douce, toujours, et garde-lui tout ton cœur.