Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/33

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d’aplomb sur son œil et semblait vouloir descendre jusqu’au fond de sa conscience.

— Qu’y a-t-il ? murmura-t-il avec un involontaire effroi.

Nicolas Treml lui montra du doigt un siège ; il s’assit.

— Hervé, dit le vieux gentilhomme d’une voix lente et tristement accentuée, quand Dieu m’a repris mon fils, vous étiez un pauvre homme ; faible, vous souteniez une lutte inégale contre moi qui suis fort. Vous alliez être écrasé…

— Vous avez été généreux, mon noble cousin, interrompit Vaunoy qui se sentait venir une vague inquiétude.

— Serez-vous reconnaissant ? reprit le vieillard.

Vaunoy se leva et lui saisit la main qu’il porta vivement à ses lèvres.

— Saint-Dieu ! monsieur, s’écria-t-il, je suis à vous corps et âme !

Nicolas Treml fut quelque temps avant de reprendre la parole. Son regard ne se détachait point de Vaunoy.

— Je crois, dit-il enfin ; je veux vous croire. Aussi bien, il n’est plus temps d’hésiter ; ma résolution est prise. Écoutez.

M. de la Tremlays s’assit auprès de Vaunoy et poursuivit :

— Je vais partir pour ne point revenir peut-être… ne m’interrompez pas… Ma route sera longue, et au bout de la route je trouverai un abîme. La Providence protège-t-elle encore le pays breton ? Mon espoir est fai-