Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/34

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ble, et ma ferme croyance est que je vais à la mort.

— À la mort ? répéta Vaunoy sans comprendre.

— À la mort ! s’écria le vieillard dont un soudain enthousiasme illumina le visage ; n’avez-vous jamais désiré mourir pour la Bretagne, vous monsieur de Vaunoy ?

— Saint-Dieu ! mon cousin il est à croire que cette idée a pu me venir une fois ou l’autre, répondit Hervé à tout hasard.

— Mourir pour la Bretagne ! mourir pour une mère opprimée, monsieur, n’est-ce pas là le devoir d’un gentilhomme et d’un Breton ?

— Si fait, ah ! Saint-Dieu, je crois bien ! mais…

— Le temps presse, interrompit Nicolas Treml, et mon projet n’est point d’entrer dans d’inutiles explications. Quand je ne serai plus là, Georges aura besoin d’un appui.

— Je lui en servirai.

— D’un père…

— Ne vous dois-je pas la reconnaissance d’un fils ? déclama pathétiquement Vaunoy.

— Vous l’aimez bien, n’est-ce pas, Hervé, ce pauvre enfant que je vous lègue ? Vous lui apprendrez à aimer la Bretagne, à détester l’étranger. Vous me remplacerez.

Vaunoy fit le geste d’essuyer une larme.

— Oui, reprit le vieillard en refoulant son émotion au-dedans de lui-même, vous êtes bon et loyal, j’ai confiance en vous et ma dernière heure sera tranquille.

Il se leva, traversa la salle d’un pas ferme et ouvrit un meuble scellé à ses armes.