Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/340

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— Mais quoi ? demanda Georges avec impatience.

— Mais quoi ? répéta en aparté la vieille Goton triomphante.

Il n’y eut pas jusqu’à M. l’intendant royal qui, persuadé du bon droit du capitaine, ne se dit in petto :

— Mais quoi ?

Hervé de Vaunoy reprit son sourire.

— Mon jeune ami, dit-il, l’emportement nuit parfois et ne sert jamais. À mon âge on ne parle pas à la légère. Croyez-moi : l’héritage de Nicolas Treml, dont Dieu puisse avoir l’âme loyale en son paradis, ne vous fera pas bien riche.

Le capitaine sentit le rouge de l’indignation lui monter au visage. Il s’approcha de manière à n’être entendu que de Vaunoy.

— Il y a sous votre toit, dit-il d’une voix contenue et que la colère faisait trembler, une personne que je respecte autant que je vous méprise. Rendez grâce à Dieu de posséder une pareille égide, monsieur !

— Que ne parlez-vous haut, monsieur mon cousin ? demanda Vaunoy qui fit appel à toute son effronterie.

— Misérable ! poursuivit Georges sans élever la voix, je pourrais vous livrer à la justice, car vous êtes trois fois assassin. Un ange vous protège, mais vous êtes ici chez moi, je vous ferai chasser, du moins, par les soldats sous mes ordres.

Vaunoy fit un salut ironique.

— Mademoiselle ma sœur, dit-il, et vous, monsieur l’intendant, veuillez excuser notre entretien secret. Je vais, du reste, vous mettre au fait. Mon jeune