Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/348

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souffrirait point d’obstacles. Néanmoins il s’en rencontra un, et des plus sérieux : Jean Blanc refusa péremptoirement la main de sa fille à son jeune seigneur.

Et ce n’était point un jeu. Jamais millionnaire repoussant un gendre indigent, jamais duc et pair déclinant l’alliance d’un poète ne furent plus difficiles à fléchir que le pauvre albinos.

Il avait, lui aussi, ses idées d’honneur, inflexibles, rigides et plus fières à coup sûr que les préjugés réunis de toute la noblesse de Bretagne.

Didier ordonna et pria tour à tour, et longtemps en vain : mais un jour il eut la bonne inspiration de jurer devant Dieu et sur sa foi de gentilhomme breton qu’il n’aurait point d’autre femme que Marie.

Jean Blanc fut vaincu et céda : Il fallait que Treml eût des héritiers.

Ce fut un beau jour que celui où Marie passa le seuil du bon château de la Tremlays. Le calme et la joie y entrèrent avec elle pour n’en plus sortir.

Elle n’apportait point d’écusson pour écarteler celui de Treml ; mais, à tout prendre, il y avait assez d’armoiries diverses sous les austères portraits des vieux maîtres de la Tremlays ; aucune pièce héraldique n’y faisait défaut.

En revanche, d’ailleurs, parmi toutes les châtelaines qui respiraient sur la toile depuis des siècles le parfum de leurs bouquets toujours frais, pas une n’aurait pu disputer à la pauvre fille de la forêt le prix de la beauté, ni celui de la bonté.

À raison ou à tort, le capitaine comptait cela pour quelque chose.