Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/49

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dans les sentiers de la forêt, il lui parlait de Georges qu’il aimait avec passion, et enveloppait de mystérieuses paraboles l’expression des soupçons qu’il avait conçus contre Hervé de Vaunoy.

Ces entrevues avaient un caractère étrange. Le seigneur et le vilain se traitaient d’égal à égal, parce que le premier prenait en pitié sincère le second, et que celui-ci, dévoué, mais orgueilleux outre mesure, trouvait un bizarre plaisir à s’envelopper de sa folie comme d’un manteau qui lui permettait de jeter bas tout cérémonial.

Jean Blanc resta une demi-heure à peu près en proie à son accès de délire. Il sautait et grommelait entre ses dents :

— Je suis le mouton blanc, le mouton !

Et il riait d’un rire amer, tout plein de sarcastique souffrance.

Au plus fort de son accès, il s’arrêta tout à coup ; son œil enflammé s’éteignit ; son transport tomba. Il passa vivement sa tête à la fenêtre et jeta son regard avide dans la direction de la Fosse-aux-Loups.

À ce moment, Nicolas Treml et son écuyer Jude sortaient du ravin et remontaient la rampe opposée. Jean se précipita au-dehors, mais pendant qu’il gagnait la porte le maître et le serviteur avaient disparu derrière les grands arbres.

Voici ce qui s’était passé entre eux :