Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/55

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Jude fit une minutieuse battue dans les buissons environnants.

— Nous sommes seuls, répondit-il.

— C’est que, poursuivit le vieux gentilhomme en plaçant sa main étendue sur le coffret de fer, la vie et la fortune de Treml sont là-dedans, mon homme. Voici mon secret, l’espoir de ma race, la compensation de mon sacrifice, et mon plus cher ami courrait danger de mort s’il me surprenait ici à cette heure.

— Dois-je me retirer ? demanda Jude.

— Non, tu es à moi et tu es moi. Je sais que tu mourrais avant de trahir.

Jude mit la main sur son cœur.

— Vous êtes seul, répéta-t-il.

M. de la Tremlays jeta un second regard aux taillis d’alentour. Puis il leva les yeux vers la rampe.

— Qu’est-ce que cela ? dit-il en apercevant derrière les tours ruinées la loge de Mathieu Blanc.

— Ce n’est rien, répondit Jude. Le mouton blanc dort et son père se meurt.

Un nuage passa sur le front du vieux gentilhomme.

— Jean Blanc ! murmura-t-il.

Le souvenir de la scène de la veille traversa son esprit comme un mauvais présage.

— Le pauvre gars, dit Jude, n’est point aimé de maître Alain. Dieu sait ce qu’il deviendra en notre absence !

Nicolas Treml tendit sa bourse à Jude qui comprit et la lança comme une fronde par-dessus les arbres. La bourse, adroitement dirigée, alla tomber juste au seuil de la loge.