Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/76

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rien de réel. Entre les mains d’Hervé, le château avec ses dépendances n’était qu’un dépôt, et son rôle celui d’un fidéicommissaire.

Mais, pour qui sait conduire sa barque, ce rôle de fidéicommissaire peut mener loin. Tout homme est mortel ; le pupille est soumis à cette foule de hasards déplorables qui menacent notre pauvre humanité : on meurt de la fièvre, du croup ; on meurt pour ne point manger assez ou pour manger trop ; on est croqué par le loup, même ailleurs que dans les contes de Perrault ; on se noie ; que sais-je !

Plus tard, il y a les duels, les chutes de cheval et autres aventures.

À cause de tout cela, le pupille d’un fidéicommissaire bien appris atteint rarement sa majorité.

Or, M. de Vaunoy était un homme fort capable. Seulement, comme il était impatient outre mesure de jouir sans contrôle, il ne fit point grand fond sur ces éventualités que nous venons d’énumérer. Le petit Georges, à la rigueur, pouvait sortir victorieux de toutes ces épreuves, et M. de Vaunoy entendait ne point courir les chances de ce jeu périlleux.

Le Breton est bon et généreux d’ordinaire, mais quand il se met à être mauvais, les traîtres du mélodrame sont des anges auprès de lui : rien ne lui coûte, et les moyens qu’il emploie alors sont d’une brutalité diabolique.

Le lecteur en pourra juger sous peu.

Vaunoy continua de traiter Georges comme le fils chéri et respecté de son seigneur. Il voulait se faire un appui de l’affection de l’enfant pour le cas redoutable où M. de la Tremlays fût revenu inopinément