Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/79

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quart de lieue du château. Sa forme est celle d’un vaste trapèze dont trois côtés appuient leurs bordures d’aunes à de grands taillis, tandis que le quatrième, coupé en talus escarpé, porte à son sommet un bouquet de futaie.

Du point central de ce talus, qui surplombe par suite d’éboulements anciens, s’élance presque horizontalement le tronc robuste et rabougri d’un chêne noir dont les longues branches pendent au-dessus de l’eau et couvrent le quart de la largeur de l’étang.

C’est vis-à-vis de ce chêne et à quelques toises de ses dernières branches que la pièce d’eau atteint sa plus grande profondeur. Le reste est fond de vase où croissent des moissons de joncs et de roseaux que peuplent vers le commencement de l’hiver des myriades d’oiseaux aquatiques.

Sur la rive occidentale de l’étang de la Tremlays s’assied maintenant une petite bourgade avec chapelle et moulin ; mais, à l’époque où se passe notre histoire, ce lieu était complètement désert, et il était bien rare qu’un passant vînt troubler les silencieux ébats des sarcelles ou des tanches.

M. de Vaunoy ouvrit le cadenas d’un petit bateau, plaça Georges sur l’un des bancs et quitta la rive ; Loup, sans y être invité, franchit d’un bond la distance et s’installa aux pieds de l’enfant.

Après quelques coups de rames qui le portèrent au milieu de l’étang, M. de Vaunoy arma sa canardière et jeta autour de lui un regard de chasseur novice. Un plongeon montra sa tête noire entre les roseaux : Hervé fit feu.