Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/81

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peur de son ombre. La nuit tombait rapidement. Il compta du regard les feuilles du chêne noir, et n’aperçut rien encore. L’enfant s’était trompé.

La main d’Hervé tremblait néanmoins pendant qu’il déposait sa canardière au fond du bateau pour prendre les rames. Il se dirigea lentement vers le point de l’étang qui fait face au grand chêne. En cet endroit, l’eau tranquille et plus sombre annonçait une grande profondeur. Vaunoy cessa de ramer. Il appuya sa tête sur sa main. Sa respiration était oppressée, des gouttes de sueur coulaient sur son front.

Quand il se redressa, la nuit était tout à fait venue. À deux ou trois reprises, il étendit sa main vers Georges, et chaque fois sa main retomba. Enfin il fit sur lui-même un violent effort :

— Eh bien ! dit-il d’une voix étouffée, ne vois-tu plus la grande figure blanche ?

L’enfant tourna la tête.

— Si, répondit-il, la voilà !

Pendant qu’il parlait encore, Vaunoy le saisit par-derrière et le précipita dans l’étang.

Au même instant, une longue forme blanche se montra en effet dans le feuillage du chêne, mais Vaunoy ne put la voir, occupé qu’il était à fuir vers le bord à force de rames.

La lune qui se levait jeta ses premiers rayons par-dessus les taillis et vint éclairer le pâle visage de Jean Blanc.

Au moment où Vaunoy atteignait la rive, l’albinos se laissa glisser le long d’une branche flexible qui pliait sous son poids et retombait au ras de l’eau. À l’aide de