Page:Féval - Le Loup blanc, 1883.djvu/99

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pour des causes que nous ne saurions dire, frappaient à la porte d’une certaine façon.

Pelo sortait alors. Marie, habituée à ce manège, ne prenait pas garde.

Un jour, pourtant, un étranger avait franchi le seuil de la loge inhospitalière : il soutenait les pas de Fleur-des-Genêts bien chancelante et bien effrayée, parce que des soudards de France qui venaient de Paris et allaient à Rennes l’avaient poursuivie dans les futaies. Son compagnon était un loyal jeune homme au visage doux et bon. Il l’avait protégée. Sa première pensée fut de remercier Dieu du plus profond de son cœur, en même temps qu’elle lui adressait une fervente prière pour son sauveur.

Depuis ce jour, quand Fleur-des-Genêts rencontrait l’étranger, elle allait à lui sans frayeur et ils échangeaient quelques mots purs et naïfs comme l’entretien de deux enfants.

Puis l’étranger partit, laissant son souvenir dans le cœur de Marie. Les gens de la forêt la rencontrèrent de nouveau dans les taillis. Elle allait lentement, la tête penchée, et chantait bien mélancoliquement la complainte d’Arthur de Bretagne.

Pelo Rouan ne l’interrogeait point parce qu’il connaissait la cause de sa tristesse.

Cependant la veillée continuait dans la cuisine du château de la Tremlays. Après avoir porté la santé qui ouvre ce chapitre, Pelo prit son bâton de houx, comme l’avait annoncé la vieille femme de charge ; mais au lieu de partir, il secoua lentement sa pipe et se planta, le dos au feu, en face de maître Simonnet.