Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/226

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Le second mouvement fit naître deux sourires.

— Je n’ai jamais vu de revenant, dit le chevalier.

— Ni moi non plus, repartit le page. Ce doit être drôle.

La voix reprit dans l’alcôve :

— Qui avons-nous là ?

— Chut ! fit Roger, le revenant a un creux solide !

— Et il me semble que je l’ai déjà entendu causer ! murmura Gaëtan.

— Faut-il donc que je me lève ! poursuivit la voix de l’alcôve. J’avais pourtant dit à ce vieil aubergiste de ne laisser monter personne.

Celui qui parlait ainsi s’arrêta tout à coup, et on put l’entendre grommeler d’un ton tout différent :

— Mais le bonhomme m’avait chanté je ne sais quoi, touchant des diableries… Un aïeul qui revient… Mort de mes os ! j’ai envie de voir cela !

Deux pieds bottés touchèrent bruyamment le plancher, et l’instant d’après, la serge soulevée laissa voir un homme de grande taille, dont le visage bronzé disparaissait presque derrière les flocons d’une épaisse barbe fauve. Il avait l’épée à la main.

— Don Estéban ! s’écrièrent à la fois les deux jeunes gens.

Le More les salua de la main.

— Soyez les bienvenus ! mes jeunes messieurs, dit-il, vous voyez que je suis arrivé le premier.

Il fit un pas vers l’intérieur de la chambre et ajouta :