Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/30

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d’Égypte, une bohémienne demi-barbare dansant sur la corde, ayant pour tout vêtement sa ceinture de gaze dorée et ses pendants d’oreille de cristal.

Il portait encore au-dessus de l’œil droit une cicatrice profonde et triangulaire gardant, bien marquées, les trois arêtes d’un poignard roumi, et qui était, assurait-on, la trace d’une des dernières caresses de la dame.

Mélise n’avait encore donné de coup de poignard à personne, elle était bonne, avenante, généreuse et fidèle surtout, fidèle comme l’or, mais il y avait parfois dans ses grands yeux un rayon fauve et ardent qui sortait comme la griffe aiguë cachée sous le velours de la patte d’une panthère.

Il n’eût pas fait bon s’attaquer à cette petite Mélise, ni surtout à ceux qu’elle aimait.

Aujourd’hui son regard était doux et calme plus que celui d’un agneau. Elle travaillait de bonne foi à mettre de l’ordre dans ses idées un peu confuses, et cela lui donnait cette ravissante gravité des chers lutins qui essaient un moment d’être bien sages.

Les toilettes des deux jeunes filles ne présentaient pas, du reste, un moindre contraste que leurs figures. Pola, simplement vêtue, avait, de par la volonté de dame Honorée, une apparence presque monacale ; la parure de Mélise, au contraire, quoiqu’elle n’eût certes pas coûté bien cher, était gaie, brillante, et d’un goût qui, chez toute autre, aurait pu paraître douteux.

Mélise la portait admirablement. Il semblait que la coupe étrange de son corsage fût justement