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XXI

QUATRE FLACONS DE VIN DE GUYENNE


Huit heures sonnèrent, la grande porte du château de Pardaillan roula sur ses gonds, livrant passage à tous ceux qui voulurent entrer, et Dieu sait que beaucoup eurent cette fantaisie. Depuis l’époque reculée de sa fondation, l’antique manoir n’avait probablement jamais vu pareille foule, ni pour obsèques, ni pour épousailles. Le pays entier s’était précipité vers cette maison depuis si longtemps close, où le plus étrange de tous les mystères allait être enfin dévoilé.

On ne saurait dire comment les choses s’apprennent et se répandent. La veille, tout le monde ignorait encore le mot de l’énigme ; ce matin, chacun parlait, la bouche ouverte, de la chambre du deuil et de ce qu’elle contenait.

Nul n’avait pénétré à l’intérieur du château, mais les secrets mûrs pour la divulgation éclatent d’eux-mêmes dans le vase qui les contient, et sont capables de percer les remparts les plus épais.